Les tribulations d'un français en Chine : Huitième partie

Publié le par Apprenti Juriste

Il est temps de rejoindre la gare ou un train nous attends pour Xi An au centre de la chine, là ou se trouve la fameuse « armée enterrée ». D'abord, il n'y a pas de station de métro à la gare. Ayant peur de ne pas se retrouver en prenant deux taxis et ne trouvant pas de bus, nous décidons de faire le trajet à pied. 4 kilomètres qui en paraissent 40 tellement nos pieds sont fatigués.

Arrivés à la gare, c'est encore pire, une bousculade intervient. Des individus aux airs de paysans se mettent à pousser de toutes leurs forces pour rentrer plus vite. Devant moi un homme tombe à terre et juste à coté de moi un enfant de 4 ans manque d'être écrasé alors que sa mère hurle de peur. Je prends l'enfant dans mes bras et me fraye un chemin jusqu'à un endroit plus calme. Il me regarde avec des grands yeux, reste infiniment silencieux. Il a un plâtre à son bras droit, peut-être est-il venu en ville pour se faire soigner. Je repose le petit bon'homme à terre à coté de sa mère qui ne sait comment me remercier.

 

Pour comprendre le comportement de ces gens, il faut comprendre le fonctionnement des déplacements en Chine. Les paysans vont dans les villes en espérant trouver du travail, une fois par an, ils retournent dans leur famille à la campagne. Or cette gare (Pékin Ouest) propose exclusivement des trajets vers l'intérieur de la Chine. Dans ces villes, ils vivent dans des conditions de vies très difficiles, plus dures encore que celles qu'ils connaissent à la campagne. En plus de leur conditions de vie insalubre, ils sont exploités et les temps étant durs, ils ont de plus en plus de mal à trouver du travail, ce qui tend à expliquer leur manque de civisme.

Il y a vraiment deux chines, celle de ceux qui ont fait des études, vivent au coeur des grandes villes, possèdent les entreprises et ont voyagé et celle très majoritaire des pauvres gens qui tentent de survivre en vendant leur force de travail pour une misère. Pour plus d'informations sur le sujet, je conseille un excellent article d'Anita Chan, auteur de nombreux ouvrages sur la question.

 

Nous entrons dans la gare, le plus dur est passé... du moins c'est ce que nous croyons. Dans la gare une boutique de souvenir nous permet d'acquérir la panoplie des parfaits touristes à moindre frais. Parmi nos achats, une montre avec Mao dessus, une peluche qui marche toute seule, un miroir avec la muraille de chine, une représentation en verre du stade olympique (le fameux nid d'oiseau)... Nous descendons ensuite sur le quai et trouvons sans mal notre wagon. Devant chaque wagon, un employé de la gare attends au garde à vous. La mauvaise surprise arrive une fois entrés dans le wagon. Ce ne sont pas des couchettes comme nous l'avions demandé mais...de simples sièges...

 
Comme à chaque fois, les mauvais moments sont suivis de bons. Vers 0h30, un jeune homme d'une quinzaine d'années se met à marcher d'un bout à l'autre du wagon en titubant mais sans prononcer un mot. Je pense dans un premier temps à un somnambule. Ensuite, il se place au milieu du wagon avec ses écouteurs sur les oreilles et se met à chanter en bougeant la tête. La musique est du Linkin park. Il chante plusieurs chansons, je parviens à le filmer et pour être plus sûr, une passagère française à coté de moi le filme également. Au bout de 4 chansons, il réalise que nous le filmons et vient nous voir. Il a l'air embarrassé d'avoir été filmé et quand nous lui demandons s'il veut que nous lui envoyons la vidéo, il réponds qu'il « chante pour être heureux ». Il repart les larmes aux yeux puis se remet à chanter.

 

La fin du trajet se déroulant de jour, elle me permet de découvrir la chine de l'intérieur, ou les gratte ciel sont remplacés par des chèvres, les voitures par des charrettes. La sortie de la gare de Xi an est encore plus impressionnante, passer de Pékin à Xi an, c'est passer du 21e siècle au 19e. Beaucoup de gens sont dans les rues, sur le sol. La pauvreté est beaucoup plus sensible que dans les grandes villes.

Nous prenons le bus pour nous rendre sur le lieux des soldats enterrés appellé terracotas. Le trajet dure environ une heure et est riche d'enseignements. C'est enfin l'occasion de découvrir la chine de l'intérieur, celle capable de produire des produits manufacturés pour le monde entier à des prix défiant toute concurrence. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je l'ai trouvée plus agréable. La population est moins dense, moins stressée et du coup très souriante, l'air est beaucoup plus respirable. La pauvreté se ressent également sur les prix des objets que nous achetons. Les mêmes objets coutent entre 3 et 10 fois plus cher à Shanghai.

La visite du site en elle même n'est pas sensationnelle. On s'attend à voir des immense rangées de soldats, on nous a annoncé des nombre impressionnants, en fait rien de tout ça. Le plus grand hangar est certes assez étendu mais seule une partie est remplie de soldats. En tous cas, cela ne vaut pas le coup de faire 2000 km pour voir cela. D'autant plus que l'entrée est relativement chère (90 yuan par personne soit un peu plus de 9 euros) pour ne voir que quelques statues. Ceci dit, je peux comprendre que certaines personnes connaisseuses de l'art et l'histoire chinois puissent trouver ce site renversant, ce ne fut pas mon cas. A la visite du musée, j'ai de loin préféré le trajet en bus à travers toute la campagne.

De retour à la gare, j'avale la glace d'une grande chaine de restaurants américains qui décidément a réeussi à s'implanter partout. Dans le train, je connais à nouveau les joies d'un vrai lit. Cela fait si longtemps, c'est si agréable !

Publié dans Voyage en Chine

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