Les tribulations d'un français en terre sainte : Première partie
Mon premier vol me conduit à Riga. A l'aéroport de Paris, je me vois contraint d'abandonner les deux bouteilles de Bordeaux que j'avais prévu d'offrir, n'ayant qu'un bagage cabine et pour causes de sécurité (pour ceux qui n'ont pas pris récemment l'avion, il est désormais interdit d'emmener des liquides à bord à cause des explosifs liquides). Ce que j'ignorai alors c'est que question mesures de sécurité, je n'étais pas au bout de mes peines !
L'opérateur de la machine à rayons X à l'aéroport de Roissy a un très fort strabisme, ça me fait sourire qu'un type qui louche fasse un métier qui ne demande qu'une seule qualité : l'observation. Il tente de répondre à mon sourire par un regard désaprobateur mais n'y parvient que d'un oeil.
Mon étape à Riga ne dure que 6 heures mais est riche en émotions. Je profites de ce laps de temps pour me promener dans la ville sous un soleil radieux. M'arrêtant au bord du fleuve, je rencontre 3 personnes très sympathiques. Le premier est un doctorant de philosophie, marathonien, originaire du Cap-Vert, vivant en Suède, parlant anglais, français et suédois, et courant le lendemain le demi-marathon de Riga. C'est un grand voyageur et une longue conversation avec lui à ce sujet me permet de réaliser que j'ai encore du chemin à faire. Les deux autres personnes sont des étudiantes lettonnes avec le coeur sur la main. L'une d'elles appelle un ami pour qu'il se charge de me ramener à l'aéroport en voiture.
Cette personne ne tarde pas à arriver, il s'appelle Andrei, coursier de son état. Il a une conduite très sportive qui fait hurler les deux étudiantes qui sont avec moi.
Après avoir déposé celles-ci chez elles, il profites des deux heures qu'il me reste avant de devoir rejoindre l'aéroport pour m'amener à son appartement. C'est là que je suis scotché par le contraste entre la ville de Riga et ses alentours. Riga c'est la "Genève" de la Baltique, c'est tout propre, les façades des immeubles sont impeccables. La banlieue de Riga est loin de cette image, elle est composée de vieux immeubles au style soviétique. Le routes sont défoncées contrairement à la route qui relie l'aéroport à la ville et qui est en parfait état.
Cela me fait penser à Saint-Petesbourg dont les façades des immeubles dont impeccables alors que les immeubles sont souvent en piteux état à l'intérieur, ce qui compte c'est de montrer aux touristes étrangers une image parfaite, quitte à ce que la réalité soit toute autre.
Chez Andrei, nous regardons un match de Hockey sur glace entre l'Allemagne et la Russie. Il soutient la Russie dont ses parents sont originaires.
Quand je lui demande s'il est Letton, il me réponds étrangement qu'il n'a pas de nationalité. Devant mon regard interloqué, moi le juriste en qui les mots de l'article 15 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen résonnent encore comme une prière « Tout individu a droit à une nationalité. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité. », Andrei m'explique qu'il dispose d'un passeport des autorités Lettones sur lequel est marqué « Apatride ». Ce passeport ne lui permet pas de quitter l'espace Schengen.
Il passe d'ailleurs quelques jours plus tard un test qui lui permettra d'obtenir la nationalité Lettonne. Il m'amène ensuite à l'aéroport en m'offrant au passage des gateaux locaux.
Le vol pour tel aviv est particulièrement pénible. Je suis à coté d'un Israëlien de 60 ans et 150 kilos qui transpires beaucoup trop à mon goût et qui prends tellement de place qu'il utilise la moitié de mon siège pour mettre son ventre.
J'arrive après avoir survolé Tel-Aviv qui est splendide de nuit, je comtemple ses grattes-ciels. Quoi qu'on pense de la question israélo-palestienne, on ne peut remettre en cause ce fabuleux développement qui a fait de cette terre une des économies les plus puissantes de la planète.
L'aéroport Ben-Gourion est très étendu et a beaucoup de cachet, par contre, la douane israélienne me fait retomber sur terre aussitôt.
Qu'ils soient méfiants, je peux le comprendre et pour être allé en Chine, je ne peux pas dire qu'Israël est le pays le plus difficile d'accès. Par contre, qu'ils soient désagréables à ce point, je ne voit pas l'intérêt.
Apprenti-juriste : Puis-je avoir mon visa sur une feuille séparée ?
La douanière : Vous avez cette feuille ?
AJ : Là voici
D : Ce n'est pas cela, c'est une feuille spéciale.
D : Pourquoi voulez-vous un visa séparé ?
AJ : Une amie m'a dit que je risquais d'avoir des problèmes avec un visa israélien sur mon passeport
D : Vous voulez voyager dans les pays arabes ?
AJ : Probablement
D : Quel pays ?
AJ : Je ne sais pas
D : Il vous faut une raison pour refuser un tampon. Elle appelle alors un collègue qui dans un grand geste ostensiblement provocant, m'écrabouille son tampon sur mon passeport, m'interdisant l'accès au Liban, à la Syrie, aux Emirats Arabes Unis, à l'Arabie Saoudite, au Yemen, à l'Iran...
Il me pose ensuite une série de questions en m'appelant par mon prénom alors que sauf erreur de part, on a pas élevé des chèvres dans le Golan ensemble, avant de me laisser partir.