Premier contact avec les forces de l'ordre : musclé !

Profitant du beau temps du mois de juin, il s'assoit sur un banc dans un parc public. Aussitôt, il trouve un mini-bout (1g ou 2) de résine de cannabis sur un banc à coté de lui. A ce moment la, il voit arriver un homme en civil qu'il pense être le surveillant du parc. Dans un mouvement relevant plus du réflex que d'une analyse de la situation, il cache cette substance stupéfiante que nul ne saurait voir dans sa sacoche.
Et la (QUELLE VEINE) l'homme sort un brassard orange et lui annonce la couleur : " Brigade Anti Criminalité ".
S'en suit la procédure habituelle : fouille, contrôle d'identité, menottes. Puis tout ce petit monde monte en voiture direction le commissariat.
Sur la route, la voiture croise des jeunes en train de tagger. S'en suit une conversation entre deux policiers qui laisse pantois quand à leur vision très personnelle de la déontologie : " On les embarque ? " " Non, c'est bon, on ne revient pas les mains vides ". Cela montre à quel point certains policiers prennent à cœur la notion de justice, créant au passage une nouvelle catégorie d'immunité que je peine à trouver dans mon code de procédure pénale : l'immunité pour ceux qui ne se font pas choper les premiers !
Arrivée au commissariat, ils préviennent les parents. Je vous laisse imaginer la stupeur de la mère de famille sérieuse et dévouée qui voit son fils passer de la catégorie "gamin sans histoires" à celle de toxicomane.
Elle se rend donc sur le champ au commissariat mais avant qu'elle arrive, les policiers très marqués par leur mission de service public décident de procéder à un interrogatoire. Et la, tout y passe ! Tutoiement, langage grossier (ferme ta gueule, arrête de te foutre de ma gueule), injure à caractère racial : " toi le bronzé tu ne vas pas nous la faire ". Cette brutalité restant sans effet vient la menace: " si tu continue à ne pas nous dire la vérité (qu’il clamait en fait depuis plus d'une heure) tu vas passer la nuit en garde à vue ".
Le gamin qui n'a pas l'habitude de se retrouver dans de telles histoires prend cette menace au sérieux. Il essaye donc d'éviter la garde à vue à tout prix. En livrant une version inventée. Il avoue une consommation occasionnelle. Il "balance son fournisseur". Ce fournisseur, il le choisit quelconque pour ne créer d'ennuis à personne " Alexandre, peau blanche, cheveux bruns"
Sur ce, la mère arrive. On lui demande alors de signer la déposition de son fils. Elle est dans un tel état qu'elle signe sans même réfléchir aux conséquences de sa signature. Après tout, ce n'est que de la paperasse, l'essentiel est de pouvoir ramener son boutchou à la maison !
Résultat : il a écopé d'un simple avertissement mais maintenant il est fiché (le fameux "connu des services de police «).
Des erreurs judiciaires il y en a eu des centaines, des milliers. Callas, Patrick Dills, Omar Raddad, Outreau… Des affaires dont on entend vaguement parler, mais surtout des gens honnêtes dont la vie a été détruite par les institutions sensées la protéger.
Ces affaires ne sont que la partie visible d’un gigantesque iceberg d’erreurs judiciaires dites « mineures » mais qui provoquent chez les victimes le même sentiment horrible d’injustice.
Alfred Capus à dit « En France, il n'y a qu'une chose que les honnêtes gens redoutent plus que les bandits : la justice ! » Bien que ce cher monsieur ne soit plus parmi nous depuis 1922, j’ai peur que son constat soit toujours d’actualité.
Beaucoup de gens s’indignent quand des procédés juridiques permettent à des criminels d’échapper à la prison. Mais ce sont ces mêmes procédés juridiques qui permettent à nombre d’innocents de ne pas y entrer.
Les institutions judiciaires de notre pays sont malheureusement très perfectibles, tant qu’on ne peut les changer, il faut juste essayer de vivre avec.
Mieux vaut être du bon coté de la ligne qui sépare ceux que la justice protège et ceux qu’elle combat. Cette ligne est beaucoup plus fine qu’on ne l’imagine.
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